Partager nos voix en prison, comme sur scène – Retour sur les ateliers de La Fabrique Opéra

Le soleil et le printemps se sont invités dans la maison d’arrêt de Varces ce 11 et 13 mars 2024. Comme l’année dernière, l’équipe de la Fabrique Opéra a passé les murs de cette prison voisine des montagnes iséroises. Depuis sa création, l’association souhaite partager au plus grand nombre le plaisir de l’opéra. Deux ateliers sont donc organisés sur deux jours pour présenter à dix détenus volontaires notre projet.

Un premier temps est consacré à la médiation et se déroule sur une heure trente. Nous y avons expliqué en détails le processus de création d’un opéra, et notamment la grande particularité propre à La Fabrique qui tient à notre relation avec les établissements scolaires de Grenoble puisque ce sont eux qui, avec leurs professeurs respectifs, fabriquent les costumes (Lycée Argouges), créent et montent les décors (IMT), gèrent la sécurité (Lycée Guynemer),  organisent le placement (Lycée Mounier) lors de nos représentations en public, inventent et réalisent les maquillages et les coiffures des solistes et du chœur (Ecole Terrade) et enfin créent des actions de communication (Aristide Bergès). Nous avons aussi raconté précisément l’histoire de Faust, l’opéra que nous jouons cette année, son origine et ses différents personnages mais aussi présenté tous les métiers nécessaires à la construction d’un opéra, et tout cela autour d’un quizz.

Un deuxième temps vient compléter cet atelier de médiation. Nous sommes revenus, mais cette fois-ci accompagnés de deux chanteurs professionnels qui font partie du casting de notre Faust. Au quatrième étage de la prison, dans cette pièce accueillante dotée d’une scène et de bancs en bois, c’est avec simplicité et bonheur que les deux solistes ont interprété leurs arias respectifs, Avant de quitter ces lieux pour Valentin (Fabrice Alibert) et l’Air des bijoux pour Marguerite (Chloé Chaume) avant de finir sur leur duo moins connu mais tout aussi intéressant. Les détenus se sont laissés bercer par ces successions de notes accompagnées des gazouillis des oiseaux alentours ; certains ont fermé les yeux et d’autres se sont laissés aller à la douceur de la mélodie.

Fabrice, alias Valentin, a partagé avec beaucoup d’émotion sa passion pour ce métier de chanteur lyrique. Il a montré comment le chant était une puissance propre à chacune et chacun qu’il suffisait de révéler – avec beaucoup de travail malgré tout. Chanter est un acte qui expose son intimité humaine, ses contradictions, « ses défauts et ses qualités » souligne-t-il. Chanter, finalement, c’est revenir à un cri organique semblable à celui du bébé qui ne s’essouffle jamais de pleurer en passant par les graves et les aigus sans s‘arrêter. L’air de Chloé, alias Marguerite, a particulièrement ému le public impressionné par sa capacité vocale, autant sa puissance que ses montées dans les aigus. Les détenus lui ont d’ailleurs demandé si elle était capable de chanter dans les graves – ce qu’elle a évidemment démontré en s’asseyant au piano.

L’après-midi s’est poursuivi avec une petite activité de pratique vocale. Tous ensemble, nous nous sommes levés et avons entonné quelques sons harmonieux. Nous avons découvert que nous avions, femmes comme hommes, une voix de tête étonnamment aiguë et que nous étions tous capables de reproduire correctement une note, de copier un schéma musical, de le répéter et de le corriger. En fait, le chant est en nous depuis toujours, il suffit de lui laisser la place de s’exprimer à travers nos cordes vocales uniques à chacune et chacun. Nous nous sommes quittés en chanson, dans les sourires et les mercis. Nous nous retrouverons au Summum le 25 mars pour une répétition !

                                                                                                                                       Apolline ROUX

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